Dans le rétro
- Alexis
- 30 nov. 2023
- 15 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 avr.
Cela fait maintenant 1 an 1 mois et 1 jour que j'ai posé mes valises à Tromsø dans le nord de la Norvège. Qu'est-ce qu'il a bien pu se passer ? Pourquoi avoir creusé mon trou dans cette petite ville du cercle polaire où il fait nuit 3 mois dans l'année, à peu près chaud pendant 1 semaine en Juillet et où neige et pluie font partie du plus claire des journées ? Pourquoi les pingouins n'ont-ils pas froid aux pieds ?
À toutes ces questions je pourrais répondre "Et pourquoi pas ?" et peut-être que je ne serais pas si loin de la vérité. Mais d'une ce serait trop facile, de deux cet article n'aurait aucun intérêt et de trois je t'aurais fait perdre de précieuses secondes à me lire jusqu'ici.
Par honnêteté intellectuel envers toi-même, moi-même et les pingouins je te propose d'enfiler tes écouteurs, ton casque ou tout système permettant d'écouter du son car c'est en musique que je vais m'atteler à répondre à toutes ces questions. Qui n'a jamais été replongé dans un souvenir à la simple écoute d'une mélodie ? Toujours avec de la musique dans les oreilles les miens restent durablement associés aux chansons que j'écoute, comme la bande sonore d'un film.
Mais loin de moi l'idée de dresser un bilan exhaustif de cette année écoulée à Tromsø, je t'emmène plutôt découvrir en chansons une sélection aux petits oignons d'instants de vie dans le nord du cercle polaire.
Alors pousse le volume au maximum, ça va swinguer.
Motivation matinale : Junior Senior - Move your feet
Je vais commencer en trichant un peu car le premier morceau n'est pas associé à un souvenir précis mais plutôt à une routine.
Ma vie de barman est régulièrement ponctuée de services de jour où je troque mes shakers pour enfiler ma tenue de barista serveur. Je dois l'avouer l'alternance des services de nuit et de jour a quelque peu mis à mal mon rythme de sommeil. À cela s'ajoute la nuit polaire qui couvre Tromsø de son voile noir pendant l'hiver, rendant le réveil d'autant plus difficile et la sortie du lit carrément héroïque certains jours.
Pour mieux t'immerger dans ce souvenir imagine toi un lundi matin. Tu as fait les deux services de nuit du week-end qui t'ont fait arriver à 6h00 du matin chez toi le samedi et le dimanche. Tu sens la fatigue dans tes jambes, tes bras et globalement toute parcelle de ton corps qui contient ne serait-ce qu'un muscle. Le dimanche de repos te paraît bien trop court, te voilà déjà reparti pour une nouvelle semaine et cette fois c'est toi qui ouvre les lieux.
Lundi matin donc, aux alentours de 9h00.
Les yeux sont encore un peu collés en attendant le bus, l'énergie est aussi haute que la température extérieure soit aux alentours de -10°C. Mais il suffit d'appuyer sur la touche play de mon fidèle MP3 pour lancer la machine : le groove de Junior Senior me tire de ma torpeur. La mélodie m'entraîne, un sourire s'esquisse sur mon visage, je suis à deux doigts de sortir mon meilleur pas de danse. Ça y est j'ai oublié la fatigue.
En vérité je préfère laisser mon esprit divaguer à regarder les montagnes enneigées que je connais maintenant si bien. Faut pas oublier que je suis en Norvège, c'est pas le carnaval de Rio non plus.
Merci à mes frangins pour m'avoir aidé à constituer ma playlist du matin sobrement intitulée « Motivation ».
Randonnée polaire : Moby - Porcelain & Flower
Retour en début d'année maintenant, nous sommes le Mardi 3 Janvier 2023. Le froid, la neige et la nuit polaire sont confortablement installés depuis quelques mois. Je suis à peine remis des festivités du nouvel an que je me lance un défi : pourquoi ne pas commencer l'année avec une randonnée en raquette et en solitaire ? En plus ce sera l'occasion d'inaugurer ma nouvelle lampe frontale et d'éliminer les excès des jours passés.
Je choisis un itinéraire déjà parcouru quelques mois auparavant histoire de ne pas me lancer trop dans l'inconnu (voir le post 👉 Les visiteurs). Après coup je salue la sage décision car la tâche s'est avérée bien plus aventureuse que prévue.
Je m'explique. Tout d'abord le lever trop tard qui ne me laisse profiter de la faible lueur du jour que pendant une heure alors que je marche sur une piste de ski de fond impeccablement balisée. Une fois que je m'écarte de la piste pour retrouver le sentier emprunté quelques mois auparavant j'ai la bonne surprise de constater qu'avec toute cette neige et bah le sentier il a disparu. D'autant plus qu'il est tombé 50 centimètres la veille et que visiblement je suis le premier de l'année à emprunter cet itinéraire. Alors certes c'est beau toute cette neige mais maintenant que la nuit tombe je comprends vite que m'orienter va être le plus gros challenge de mon périple. J'allume ma lampe frontale et je me lance dans le dénivelé en observant attentivement les reliefs alentours. Avec un peu de chance je me rappellerai de l'itinéraire au fur et à mesure. La prochaine fois je partirai plus tôt.

Ensuite bien qu'équipé de raquettes de qualité louées spécialement pour l'aventure je constate vite que je m'enfonce jusqu'au genou dans l'épaisse couche de poudre. La montée est rude. J'ai l'impression d'être un schtroumpf en train de monter un escalier de géant si bien qu'après seulement deux heures de montées sur six prévue au total je sens que mes jambes brûlent déjà. Dès que je m'arrête mes muscles refroidissent et la reprise amplifie d'autant plus la douleur. La solution est toute trouvée je ne m'arrêterai plus jusqu'au refuge. Allez gamin, plus que quatre heures.
Rapidement la batterie de mon (plus si) fidèle MP3 me lâche car visiblement elle n'aime pas le froid. Je peux la comprendre la température est de -18°C avec un ressenti à environ -1000°C. Pas grave me dis-je, j'ai toujours mon téléphone où je devrais trouver quelques sons pour me motiver. Alors oui c'est le cas mais je n'ai que deux chansons et évidemment pas de réseau mobile disponible. Je commence à regretter de vouloir me la jouer old school et de ne pas utiliser Spotify. Ce sera donc Moby qui m'accompagnera jusqu'à l'arrivée.
Maintenant que j'ai passé le plus dur des reliefs non sans peine j'arrive sur un plateau entouré de montagnes. Le vent glacial qui me fouette le visage a chassé les nuages pour laisser place à une magnifique lune qui éclaire ma route. Mais ma mémoire commence à me faire défaut, je ne suis plus sûr de la direction à suivre. Regarder le GPS sur mon téléphone implique nécessairement d'enlever mes gants, de m'arrêter quelques secondes en plein vent et de sentir l'intense douleur revenir dans mes jambes. Pas possible, ça va me prendre des plombes de m'arrêter toutes les quinze minutes il faut que je tente autre chose. Il me suffit de lever les yeux pour voir la lune qui me fait un clin d'œil, la voilà ma solution. Je n'ai qu'à comparer la direction à prendre sur le GPS avec la position de la lune et j'aurai mon repère !
Au bout d'une heure de marche je commence à douter, les montagnes qui m'entourent ne me rappelle toujours rien. Petit check du GPS et je m'aperçois que je dévie énormément vers l'Est. Malin comme un parpaing, dans ma précipitation j'en ai oublié que la lune bouge dans le ciel et donc que pour servir de point fixe c'est pas foufou. Je comprends enfin le clin d'œil mesquin qu'elle m'a adressé auparavant. Mais je ne désespère pas et scrute le ciel à la recherche d'un autre point fixe. Mon choix se porte naturellement sur l'étoile qui brille le plus et je peux reprendre mon chemin confiant. Enfin… Confiant jusqu'à ce que le ciel se dégage et fasse apparaître tout l'univers et ses milliards d'étoiles dans le ciel. Elle est passée où la mienne ? Troisième et dernier réajustement de trajectoire, je reconnais enfin les reliefs qui m'entourent, je vais y arriver à ce foutu refuge !

C'est donc à peu près après 7 heures 24 minutes et 39 secondes que j'arrive enfin à destination. Le thermomètre indique -16°C dans la salle mais je connais les poêles norvégiens, quelques bûchettes et je me promets de transformer l'abri en sauna. Pari réussi. En moins d'une heure la température monte à 28°C. J'ai tellement chaud que je délaisse mes couches successives de vêtements pour ne garder que mon caleçon et mes chaussettes. J'espère juste ne pas être surpris par un autre randonneur qui passerait par là au risque de passer pour un fou. Ça reste une petite ville Tromsø les rumeurs vont bon train.
La nuit de sommeil est réparatrice. Malgré les courbatures et les douleurs partout dans le corps j'ai plaisir à reprendre mon chemin au petit matin. Le vent est tombé, je suis seul au monde dans ce paradis blanc et cette fois je connais la route.

Désormais quand j'écoute Moby j'ai ce curieux réflexe de grelotter, mais je sais pourquoi.
Vendredi soir : Frankie Knuckles - Your love
Là où je travaille c'est un peu ma deuxième maison. Café restaurant la journée, bar à cocktail le soir et bar dansant les week-ends, l'affluence varie au gré des saisons touristiques, de la météo et surtout des jours de paie.
Nous sommes donc un vendredi soir d'Avril, les Tromsøværing (ou Tromsois en français dans le texte) ont reçu leur salaire en milieu de semaine, la soirée s'annonce animée. Prise de service à 18h00, à peine le temps d'enfiler mon polo de travail qu'il est temps de préparer le bar pour la longue nuit à venir. Tel un pilote qui vérifie son avion avant le décollage je valide chaque point de la checklist tout en servant les clients qui commencent à affluer au bar pour commander la première boisson libératrice de leur longue semaine de travail. Les sirops sont prêts, les jus ont été remis à niveau, la corbeille de fruits est remplie, le bac à glaçons est plein, c'est parti mon quiqui !
Le DJ arrive un peu en avance et commande comme à son habitude « One of each » soit littéralement « Un de chaque » : une bière et un Fernet Branca.
Sur le coup des 22h00 le bar commence à être bien rempli. Il est temps de bouger les tables pour mettre en place la piste de danse du week-end. J'en avais presque oublié d'allumer la boule à facettes qui accompagne à merveille le groove du DJ. Heureusement que je peux compter sur Vida et Guido avec qui on forme une team de choc. Maintenant qu'on se connaît bien, plus besoin de parler derrière le bar pour se répartir les tâches, tout est fluide, simple, efficace. Malgré l'affluence les cocktails s'enchaînent à une vitesse vertigineuse, la bière coule à flot, les clients ont le sourire, le dancefloor est plein mais le plus important c'est qu'on prend plaisir à vivre le rush ensemble. On court, on se marre, on shake et entre deux commandes il n'est pas rare qu'on esquisse quelques pas de danse derrière le bar. Bref on profite et on s'amuse.

La nuit est passée à toute vitesse, il est déjà trois heures du matin et bientôt l'heure pour nous de dire au revoir aux derniers clients encore présents. Le DJ vient me demander si j'ai une envie particulière de musique pour la dernière de la nuit et ma réponse ne se fait pas attendre. Quelques minutes plus tard alors que nous commençons à tout ranger et nettoyer je vois ma requête exécutée. Your Love de Frankie Knuckles résonne dans le bar presque vide et je ne peux m'empêcher de chanter en frottant les tables sous le regard amusé de mes collègues. Encore une bien belle soirée dans celui que j'appelle désormais "mon" bar.
Si l'envie te prend de me voir pousser la chansonnette maintenant tu sais quelle musique passer.
Retour maison : Renato Carosone - Tu vuo fa l'americano
Que ce soit en semaine ou le week-end le service finit toujours trop tard pour attraper le dernier bus. Le retour se fait donc à pieds, qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'il vente. Dans les premiers mois marcher une heure dans le froid pour rentrer chez moi je vais pas te le cacher c'était un peu l'épreuve de trop après la longue soirée. Bien que de temps en temps les aurores boréales éclairaient mon chemin je les aurais bien sacrifiées pour être immédiatement dans mon lit bien au chaud.
Heureusement pour moi j'ai changé de logement depuis et l'heure de marche quotidienne s'est raccourcie en 20 petites minutes, disons 25 quand le sol est gelé et se transforme en patinoire forçant à adopter la marche de l'empereur. Je parle du pingouin pas de Napoléon.

C'est donc un samedi au petit matin que je quitte mes collègues étrangement plein d'énergie après la soirée animée que nous avons vécue et la petite bière d'afterwork que nous nous sommes autorisée. Comme à mon habitude j'enfile mes écouteurs et lance une chanson récemment entendue dans le film "The talented Mr Ripley" : Tu vuo fa l'americano.
Je ne sais pas pourquoi mais ce jour là je décide de changer mon itinéraire. Pourquoi toujours prendre le chemin le plus rapide ? Pourquoi ne pas prendre le large, prendre la tangente, faire un pas de côté ? L'inconnu commence là, l'aventure démarre ici. Cette épopée du quotidien m'emmène dans des rues jusqu'alors jamais explorées, me fait découvrir des points de vues nouveaux sur le fjord mais me permet surtout d'apprécier à sa juste valeur la danse des aurores boréales qui illumine ma route. Cette fois j'en profite. J'ai même l'impression qu'elles valsent au rythme de la mélodie italienne qui m'accompagne. Je me sens bien, comme si tout s'était parfaitement aligné pour m'offrir ce spectacle de son et lumières.
Cette chanson est devenue un déclencheur. Lorsqu'elle apparaît aléatoirement dans ma playlist je ne peux m'empêcher de faire un pas de côté, de sortir de l'ordinaire. Pas besoin de faire quelque chose d'extraordinaire, parfois les surprises aussi minimes soient elles suffisent à épicer une journée des plus banales.
Staff party : Anderson Paak – Celebrate
Je suis conscient de la chance que j'ai de travailler dans mon bar. Certes je pourrais dire que c'est grâce à la sélection de 15 bières pression différentes qui me ravie lorsque je ne travaille pas ou encore des bons petits plats concoctés par la cuisine avant de prendre le service mais j'en oublierais le principal : une équipe en or. Et cette équipe de joyeux lurons s'est rapidement imposée comme une deuxième famille. Avec des personnalités très différentes, venant des quatre coins du monde et avec toutes les catégories d'âge représentées nous cultivons un esprit d'équipe qui rend jaloux tous les autres établissements de la ville. En bref l'âme du bar c'est nous.
Fort de mon expérience de barman lorsque j'étais encore sur les bancs de l'école je sais à quel point c'est précieux ce que nous avons. C'est donc tout naturellement qu'après quelques mois passés derrière le comptoir il a semblé incontournable d'organiser une staff party en bonne et due forme. D'abord pour célébrer l'équipe mais surtout pour se créer des souvenirs ensemble et continuer à cultiver cet esprit familial si important. Les brainstormings s'enchaînent, les idées fusent, ça y est on sait ce qu'on va faire. Comme pour se rappeler notre tendre enfance on se lance dans l'organisation d'une kermesse costumée (au plus grand désarroi de Jacques pour la partie costumée, désolé poto) avec compétition par équipe et récompenses à la clé. Le thème ? On n'a pas fait trop compliqué, trouve un costume qui commence par la première lettre de ton prénom. Pour les jeux on a laissé libre court à notre créativité tout en se servant de notre travail dans la restauration comme fil conducteur. De la course d'obstacle avec un plateau rempli de verres d'eau en passant par la réalisation d'un cocktail à shaker en binôme avec chacun un bras en moins, le concours de celui qui souffle la bougie la plus éloignée ou encore le tirage de bière les yeux bandés, l'ambiance bien que festive n’efface en rien la compétition qui fait rage. Tout le monde veut la gagner cette bouteille de Prosecco !

Une fois les olympiades terminées est venu le temps de trinquer ensemble pour lancer la deuxième partie de l'événement certes moins ludique mais tout aussi amusante. Chacun un verre à la main on joue, on rie, on boit, on chante, on s'amuse. Un ascenseur discute avec Ghostbuster et Jésus pendant que Van Gogh défie Zlatan Ibrahimovic au bière pong. Dans le fond on aperçoit Tina Turner, le Joker et une fan des Yankees jouer au PMU sous le regard amusé d'un lapin de Pâques. Écrit comme ça ça peut paraître bizarre mais je t'assure que ça fait totalement sens.
Les jeux et les verres s'enchaînent, la fatigue commence à pointer le bout de son nez pour certains, le groupe s'amenuise doucement. Les plus vaillants restent jusqu'au petit matin bercés par le groove d'Anderson Paak à refaire le monde sans se soucier du temps qui passe.
Un bon moment entre amis, voilà ce que ça me m'évoque quand j'écoute Anderson Paak.
Parenthèse berlinoise : Underworld – Rez
Bien que profitant de ma nouvelle vie arctique je dois dire qu'après un an à avoir quitté ma douce France, famille et amis commencent à me manquer. Les moyens de communication modernes ne suffisent pas à remplacer une bière en terrasse à se raconter nos vies ou un bon repas en famille à discuter de tout et de rien. Comme pour me pousser à passer à l'action j'apprends que mon bar va fermer pendant quelques mois pour rénovation, bingo je vais passer l'été en France ! A moi la redécouverte de la chaleur du soleil sur ma peau, les bières à moins de dix euros, les longues soirées philosophies avec les potos et les moments précieux avec Papito, Mamito, Tonio et Samuelito.
Comme le chemin est long jusqu'à la maison, que dans ce monde qui brûle l'avion c'est pas top top et que pour le porte-monnaie finalement le bus c'est pas si mal la décision est prise de sacrifier l'efficacité d'un vol direct pour un transit de quelques jours par Berlin et quelques 40 heures de trajet en car. Il est vrai que pour une petite ville j'ai été surpris par l'animation que peut offrir Tromsø mais ce n'est en rien comparable avec l'électricité qui circule dans les soirées de Berlin. Un an tout pile après mon passage dans la capitale allemande me voilà de retour pour profiter du monde de la nuit avec le meilleurs guide qui soit, j'ai nommé le poto Pierrot.
Après les retrouvailles pour se mettre à jour des avancées de nos vies respectives il est temps de passer à l'action. Pierrot a tout organisé. Mieux que le guide du Routard la liste des bars, restaurants, expositions et soirées à découvrir est prête il ne reste plus qu'à décider ce qu'on fait demain. Chic type ce Pierrot.
Pour bien commencer on attaque donc dès le jeudi soir dans un des clubs les plus iconiques de la capitale. Seule une salle est ouverte et le nombre de personnes est volontairement restreint pour la soirée qui se veut musicalement expérimentale, parfait pour s'échauffer avant le week-end. Bon je dois l'avouer la musique était parfois un peu trop expérimental pour mes oreilles non exercées mais je découvre finalement au petit matin la musique qui décrit parfaitement l'ambiance de la soirée et des futures à venir pendant ces quatre jours : Rez par Underworld.

Tel un pèlerin je reviens inlassablement dans cette ville à l'atmosphère si particulière. D'abord pour revoir le pote Pierrot et vérifier qu'il ne sait toujours pas parler allemand, ensuite parce qu'il y a toujours quelque chose de dépaysant à aller à Berlin même si ce n'est pas si loin de la France, enfin pour profiter quelques temps de cette bulle qui fait oublier tous les soucis de la vie.
Quand je mets Rez à fond sur mon MP3 ce n'est pas la peine de m'adresser la parole, je suis dans cette bulle et rien ne peut m'arrêter.
Halloween Party : Børns – Electric Love
Retour à la réalité, l'été est fini, la neige a déjà couvert les montagnes autour de Tromsø et le froid s'installe sans bruit sur la ville. Après quelques discussions avec l'équipe du bar on s'accorde à dire qu'on doit préparer une soirée digne de ce nom pour Halloween. Décoration, menu spécial pour l'occasion, déguisement, stand photo, ce ne sont pas les idées qui manquent. La consigne du patron est simple : on a carte blanche mais budget limité, évidemment. Alors c'est parti on s'arme de toute notre bonne volonté et notre bonne humeur et on se lance dans la décoration du bar et la confection d'un nouveau menu. On essaie des cocktails, on s'emmêle les pinceaux avec nos fausses toiles d'araignée, on rate quelques recettes de shooter, on colorie les ampoules pour tamiser l'ambiance, on découpe des chauve-souris, bref c'est un vrai atelier d'art plastique.
Puis vient enfin le moment de réaliser la pièce maîtresse en cuisine : la méga citrouille ! Alors que je suis consciencieusement en train de brûler les contours de chacune des affiches créées spécialement pour l'événement afin de leur donner un côté plus effrayant, je m'amuse à voir Vida en plein combat avec la citrouille pour la vider de sa chair. On s'affaire chacun à nos tâches qui s'avèrent toutes deux bien plus longues que prévue et on s'accorde à dire que travailler en musique est toujours plus agréable. On pousse alors le son au maximum et lançons la playlist que nous alimentons chacun notre tour. De classiques de la chanson française au rap norvégien en passant par deux trois morceaux électro on essaie de trouver un terrain d'entente qui colle au mieux à l'ambiance de la sculpture de citrouille et au brûlage de posters. Presque tout y passe et c'est amusant de voir à quel point ce que je pense qu'elle peut apprécier me retourne presque immédiatement un regard dubitatif teinté d'un « No but... it's not too bad » ce que je traduirais par un bienveillant « C'est quoi cette m**** ? ».
Aussi étrange que cela puisse paraître je cède du terrain sur une chanson électro pop bien loin de mon répertoire mais qui résonne bien dans les murs de cette cuisine : Børns – Electric Love.
Désormais associée au souvenir de cette soirée de préparation d'Halloween dans la cuisine du bar à brûler des bouts de posters, je ne peux m'empêcher de revenir un an en arrière et de me dire à quel point cette situation était imprévisible.
Faire confiance à la vie et savoir se laisser surprendre, voilà ce que c'est Electric Love.

Tu as maintenant un petit aperçu de ce qu'il a pu se passer durant tout ce temps et de pourquoi j'ai creusé mon trou dans cette petite ville du cercle polaire. Quant à l'histoire des pingouins qui n'ont pas froid aux pieds je te laisse le soin de te renseigner par toi même, tu t'es cru sur Arte ?
J'étais initialement venu pour passer les quelques mois d'hiver et me voilà toujours au même endroit un an plus tard. La ville et l'environnement y sont pour beaucoup mais ce sont surtout les gens que j'ai rencontrés qui me font rester. Un nouveau travail, des nouveaux amis, une nouvelle culture, finalement c'est ça que je suis venu cherché et que j'ai trouvé. On dit que l'herbe est toujours plus verte chez le voisin mais ici l'herbe on ne la voit pas vraiment vu toute la neige qui tombe alors pourquoi donc regarder chez le voisin ? Il me reste encore pléthore de choses à découvrir et de surprises à venir et je sais qu'il ne tient qu'à moi d'en profiter au maximum.
Une chose est sûre l'aventure continue et elle continue en musique.
Vers l'infini et au-delà 🚀
Bonus
Arrivant à Oslo après 40 heures dans le bus de retour pour la Norvège à maudire mon petit frère à cause de cette chanson bloquée dans ma tête
🎶 Désenchantée - Mylène Farmer
Incroyable épopée dans ce bout du monde !
Tout ceci résonne avec une profonde humanité et c'est très beau en soi.
Que cette confiance en la vie continue de te guider, vers l'infini et au delà.
Que toutes ces musiques continuent de te porter.
Merci à toi pour ce très beau récit, qui permet d'aller visiter, sans bouger, une partie de ton univers de vie.
Très heureuse pour toi de tout ce chemin parcouru...et à bientôt
Wouah, ça envoie du lourd ce résumé de 1 an 1 mois et 1 jour ! Trop cool ! Merci Alexis pour le partage de tous ces moments ! Que cela continue en faisant confiance à la vie... et à très vite au pays ! Bisous
Tout est chaaaaaaaaaaos